Oum Salama (رضي الله عنها)

Publié le par FM

Son nom et sa généalogie

Son vrai nom était Hind. Elle était la fille d'un notable du clan Makhzoum Abou Oumayya surnommé "Zad ar-Râkib" parce qu'il était bien connu pour sa générosité particulièrement avec les voyageurs.

Sa conversion

Le mari d'Oum Salama (رضي الله عنها) était Abdoullah ibn Abdou l-Asad (رضي الله عنه) et tous deux étaient parmi les premières personnes à accepter l'Islam. Seul Abou Bakr et quelques autres que l'on peut compter sur les doigts d'une main sont devenus musulmans avant eux.

Dès que la nouvelle de leur conversion se répandit, les Qouraïches réagirent avec une colère folle. Ils commencèrent à poursuivre et à persécuter Oum Salama et son mari. Mais le couple n'hésita, ni ne désespéra pas et ils restèrent fermes dans leur nouvelle foi.

La persécution devint de plus en plus intense. La vie à Makkah devint insupportable pour beaucoup de nouveaux musulmans. Le Prophète (صلى الله عليه و سلم) leur donna alors la permission d'émigrer en Abyssinie.

Son émigration en Abyssinie

Oum Salama et son mari furent au premier rang de ces Mouhâdjiroûn (émigrés), à la recherche d'un refuge en terre étrangère.

Malgré la protection qu'Oum Salama (رضي الله عنها) et les compagnons reçurent du dirigeant Abyssin, le désir de retourner à Makkah, d'être près du Prophète (صلى الله عليه و سلم), de la source de révélation et de guidée, persistait.

La nouvelle que le nombre de musulmans à Makkah avait augmenté arriva finalement aux Mouhâdjiroûn. Parmi les nouveaux convertis, il y avait Hamza Ibn Abdoul-Mouttalib et 'Omar Ibn Al Khattab. Leur foi avait énormément renforcé la communauté et les émigrés en Abyssinie entendirent que les Qouraïches avaient quelque peu diminué la persécution. Ainsi un groupe de Mouhâdjiroûn, poussé par un profond désir dans leur cœur, décidèrent de retourner à Makkah.

Son émigration à Médine

 

Le relâchement de la persécution ne fut que bref, comme le découvrirent bientôt ceux qui y retournèrent. L'augmentation spectaculaire du nombre de musulmans après l'acceptation de l'Islam par Hamza et 'Omar avait même exaspéré davantage les Qouraïches. Ils intensifièrent leurs persécutions et tortures à un degré encore jamais vu. Le Prophète (صلى الله عليه و سلم) donna alors la permission à ses compagnons d'émigrer à Madinah. Oum Salama et son mari furent parmi les premiers à partir.

La Hijra d'Oum Salama et de son mari ne fut cependant pas aussi facile qu'ils l'avaient imaginé. En fait, ce fut une expérience amère et douloureuse et un tourment particulier pour elle.

Elle a dit: "Quand Abou Salama décida de partir pour Madinah, il prépara un chameau pour moi, me hissa dessus et plaça notre fils Salama sur mes genoux. Mon mari prit alors la tête et continua sans arrêter ou attendre quoi que ce soit. Cependant, avant que nous fussions sortis de Makkah, quelques hommes de mon clan nous arrêtèrent et dirent à mon mari :


"Quoique vous soyez libre de disposer de vous vous-mêmes, vous n'avez aucun pouvoir sur votre femme. Elle est notre fille. Vous attendez-vous à ce que nous vous permettions de l'emporter loin de nous ?"
Ils se précipitèrent alors sur lui et m'arrachèrent de ses mains. Le clan de mon mari, Banu Abdou l-asad, les vit me prendre, moi et mon enfant. Ils devinrent fous de colère.

 


"Non, par Allah !" crièrent-ils "nous n'abandonnerons pas le garçon. Il est notre fils, et nous avons un droit sur lui."
Ils le prirent par la main et me le retirèrent brusquement. Soudainement, en l'espace de quelques instants, je me retrouvais seule et solitaire. Mon mari se dirigea vers Madinah tout seul et son clan m'avait enlevé mon fils. Mon propre clan, Banu Makhzoum, eut le dessus sur moi et me força à rester avec eux.

 


Depuis le jour où mon mari et mon fils furent séparés de moi, j'allais quotidiennement, à midi, jusqu'à cette vallée et m'asseyais à l'endroit où cette tragédie avait eu lieu. Je me rappelais ces moments épouvantables et pleurais jusqu'à ce que la nuit tombe sur moi.

 


Je continua ainsi pendant une année, jusqu'au jour où un homme des Banou Oumayyah passa par-là et vit ma condition. Il alla trouver mon clan et dit: "Pourquoi ne libérez-vous pas cette pauvre femme ? Vous avez éloigné son mari et son fils d'elle."

 


Il continua à essayer d'adoucir leurs cœurs et de jouer avec leurs sentiments. Enfin ils me dirent : "Va et rejoins ton mari si tu le veux."
Mais comment pourrais-je rejoindre mon mari à Madinah et laisser mon fils, un morceau de ma propre chair et de mon sang à Makkah, chez les Banou Abdul asad ? Comment pourrais-je être sans angoisse et mes yeux sans larmes, devrais-je rejoindre le lieu de la hidjrah ne sachant rien de mon fils laissé derrière moi à Makkah ?

 


Certains comprirent ce que je vivais et leurs cœurs me rejoignirent. Ils adressèrent une requête aux Banu Abdul Asad pour ma défense et leur proposèrent de me rendre mon fils.

 


Je ne voulais pas, à présent, m'attarder à Makkah jusqu'à trouver quelqu'un pour voyager avec moi: J'avais peur que quelque chose puisse arriver qui me retarderait ou m'empêcherait de rejoindre mon mari. Donc je prépara promptement mon chameau, plaça mon fils sur mes genoux et partis en direction de Madinah.

 


J'eus à peu près atteint Tan'im (à environ trois miles de Makkah) quand je rencontra Outhman Ibn Talhah (c'était un gardien de la Ka'bah dans la période préislamique et il n'était pas encore musulman).
"Où allez-vous, Bint Zad ar-Rakib ?" demanda-t-il.
"Je vais chez mon mari à Madinah"
"Et il n'y a personne avec vous ?"
"Non, par Allah ! Sauf Allah, et mon garçon que voici..."
"Par Allah, je ne vous abandonnerai jamais avant que vous n'atteigniez Madinah" jura-t-il.

 


Il prit alors les rênes de mon chameau et nous conduisit. Je n'ai, par Allah, jamais rencontré un arabe plus généreux et noble que lui. Quand nous atteignîmes un lieu de repos, il fit agenouiller mon chameau, attendit que j'en descende, l'amena à un arbre et l'y attacha. Il alla alors à l'ombre d'un autre arbre. Quand nous fûmes reposés, il prépara le chameau et nous conduisit.

 


C'est ce qu'il fût chaque jour avant que nous n'ayons atteint Madinah. Quand nous fûmes arrivés à un village près de Qouba (à environ deux milles de Madinah) appartenant aux Banou Amr Ibn Awf, il dit : "Votre mari est dans ce village. Entrez-y avec les bénédictions de Dieu."
Il fit demi-tour et se dirigea vers Makkah."

 


Leurs routes se croisèrent finalement après la longue séparation. Oum Salama (رضي الله عنها) fut ravie de revoir son mari et il fut enchanté de voir sa femme et son fils.

La mort de son mari

Après la bataille d' Ouhoud, Abou Salama (رضي الله عنه) sortit très grièvement blessé. Il sembla d'abord bien réagir au traitement, mais ses blessures ne guérirent jamais complètement et il resta cloué au lit.

Une fois, tandis qu'Oum Salama (رضي الله عنها) le soignait, il lui dit:
"J'ai entendu les paroles du Messager de Dieu. Chaque fois qu'une calamité affligeait quelqu'un, il disait : "Certes c'est à Allah que nous appartenons et c'est vers Lui que nous retournerons."
Et il priait : "ش Seigneur ! Accorde-moi une rétribution dans mon malheur, que seul Toi, loué et puissant, peut donner."

Abou Salama (رضي الله عنه) resta au lit, malade, pendant plusieurs jours. Un matin, le Prophète (صلى الله عليه و سلم) vint le voir.

La visite fut plus longue que d'habitude. Tandis que le Prophète (صلى الله عليه و سلم) était toujours à son chevet, Abou Salama décéda. De ses mains bénites, le Prophète (صلى الله عليه و سلم) ferma les yeux de son compagnon mort. Il leva alors les mains au ciel et pria : "ش Seigneur, accorde le pardon à Abou Salama. Elève son rang parmi les biens guidés. Charge-toi de sa famille à tout moment. Pardonne-nous et pardonne-lui. ش Seigneur des Mondes, élargis-lui sa tombe et remplis-la de lumière."

Oum Salama (رضي الله عنها) se rappela la prière que son mari avait rapporté du Prophète (صلى الله عليه و سلم) sur son lit de mort et commença à la répéter: "Certes, à Dieu nous appartenons et c'est à Lui que nous retournons." ... mais elle ne pouvait se résoudre à continuer "ش Seigneur ! Accorde-moi une rétribution dans mon malheur et remplace-moi (ce que j'ai perdu) par quelque chose de meilleur" parce qu'elle se demandait sans cesse "qui pourrait être meilleur qu'Abou Salama ? "... Mais elle continua malgré tout ses invocations.

Les musulmans furent énormément attristés par la situation critique d'Oum Salama. Elle devint "Ayyim Al Arab", "la veuve arabe". Elle n'avait pas de proche à Madinah sauf ses jeunes enfants, complètement démunie...

Et les Mouhâdjiroûn comme les Ansars estimèrent qu'ils avaient un devoir envers Oum Salama (رضي الله عنها).

Son mariage avec le Prophète (صلى الله عليه و سلم)

Quand elle eut achevé son délai de viduité (de quatre mois et dix jours), Abou Bakr (رضي الله عنه) la demanda en mariage mais elle refusa. Puis 'Omar (رضي الله عنه) en fit de même, mais elle déclina également. Le Prophète (صلى الله عليه و سلم) lui présenta à son tour une proposition de mariage et elle répondit : "ش Messager de Dieu, j'ai trois défauts. Je suis une femme extrêmement jalouse et j'ai peur que tu voies en moi quelque chose qui t'irrite et qu'Allah me punisse pour cela. Je suis une femme d'un certain âge et j'ai de jeunes enfants."

Le Prophète (صلى الله عليه و سلم) répondit : "En ce qui concerne la jalousie, je prie Allah le Tout Puissant de la chasser de toi. Pour ce qui est de la question d'âge, j'ai le même problème que toi. Et quant à la famille dont tu as la charge, ta famille est ma famille."

On les maria et Allah répondit à la prière d'Oum Salama (رضي الله عنها) et lui donna mieux qu'Abou Salama (رضي الله عنه).

Sa mort (61 H)

Elle fut rappelée à Dieu en l'an 61 de l'Hégire.

Ses mérites

Selon al basri, elle était dotée d'un esprit extraordinairement judicieux et sagace. Parmi les femmes du Prophète (صلى الله عليه و سلم), elle était la plus instruite et celle qui transmettait le plus des hadiths d'après lui (صلى الله عليه و سلم). Elle était, en outre, l'une des rares femmes arabes qui connaissaient l'écriture.


Publié dans Femmes Pieuses

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